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défi du samedi - Page 4

  • cacastrophes

    etron.jpg
    CACA BOUDIN

    le popo de papa
    vient après mon pipi
    c'est mieux comm' ça
    sinon, c'est cuit

    sinon, ça ne va pas !

    sinon rien ne va, pue
    gâche mon chocolat
    avant que je l'aie bu
    et me coupe l'envie

    ***

    CROTTE DE BEAT(nik)

    "tout le monde il est beau
    tout le monde il est gentil
    le monde est beau
    tout le monde il est gentil"


    si le monde ment, merde !
    j'en ai pris mon parti
    je recueille dans l'herbe
    mon bouquet d'aujourd'huis

    ***

    MERDE ALORS

    crottins crétins
    crottinent dans le square
    étrons, boudins,
    merdes ostentatoires

    talon, pointe, semelle, hélas
    un pas soudain mal assuré
    rappelle au moment de glisser
    comme la vie est dégueulasse

    ***

    FANGE VESPERALE

    A l'horizon,
    un ciel
    chassieux
    tire la chasse
    et c'est
    tant mieux

    ***

    ÊTRE ON

    Être On, c'est bien
    c'est bien commode
    ç'aurait mêm' du chien
    n'était la mode

    tous ces cancans qu'On se redit
    diarrhéiques hypocrisies
    c'est le fond des conversations
    qui commencent toujours par "on"

    et l'On n'étant pas très liseux
    répand son lisier fangeux
    oubliant dans ses pantalons
    la raie qui mène au trou du fion

    Voici que l’On chante en prison
    Être On ! Être On, petit,
    Pas maton !
    É-hon ! é-hon !

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi "merdique"

  • Ce petit pot de miel au bout du monde

    (mon trésor)


    Sous la masse du ciel poisseux
    où je ne gâche pas mes yeux
    une terre en friche
    j'y fiche mon pieu
    en découpe les couvertures
    toute une équipée de voilures
    bientôt sous le vent
    par tribord amures
    bombe le torse et me force l'allure

    Oui, je sais... je pars (encore !)
    en quête de mon trésor

    Un océan de lin m'adresse
    un soyeux drapé de caresses
    mon petit canot
    s'y frotte les fesses
    tandis que ma paume experte
    en éprouve l'onde offerte
    mon regard en brasse
    la surface verte
    où trace n'est qui ne courre à sa perte

    Je ne suis qu'un météore
    en quête de son trésor

       Mer ! Mer !
       Voici ton doux visage
       que borde le rivage
       de terres que je voudrais oublier

       Mer ! Mer !
       En dire davantage
       c'est remettre à l'ouvrage
       le forgeron de ton coffre à secret

    Sur la vague caribéenne
    l'esprit à vif et l'âme pleine
    quittant l'océan
    ses peurs et sa peine
    mon voyage arrive à son terme
    déjà s'étend la terre ferme
    où gît mon trésor
    dont l'or est en germe
    et le miel appelle mon épiderme

       Terre ! Terre !
       Voici ton long rivage
       que borde le visage
       aux lèvres que je reviens aboucher

       Terre ! Terre !
       En taire l’alliage
       c’est garder le breuvage
       63430.jpgau doux giron de ton coffre à secret

       (ce petit pot de miel au bout du monde)

    Je demeure promeneur
    au milieu d’un champ de fleurs.

     

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

  • L'Homme qui va, sans ombre

    le-promeneur.jpg

    Il marche pesamment, sans ombre sous le ciel
    pour guides son regard, un rêve, une chanson;
    nulle trace après lui - l'oubli sur ses talons
    absorbe son passage ainsi que l'eau le sel

    Sans histoire connue, serait-il une feinte ?
    Ni homme ni fantôme, il existe à peu près
    moins que le romanesque et plus que le reflet;
    d'où vient qu'il puisse alors entonner une plainte ?

    C'est qu'il est tout en un, présent, passé, futur;
    l'hier est l'aujourd'hui qu'il porte vers demain
    et cette mélodie dont vibre son chant plein
    s'invente à chaque pas une ample tessiture

    L'oubli qui le talonne est le risque encouru
    par qui pourrait nourrir quelque espoir de retour
    quand le sens de la vie et celui de l'amour
    inspirent à l'instant sa quête d'absolu

    Le plus petit atome est lourd de ce destin
    - tout le poids du vivant en est la charge utile,
    la même gravité s'en évade, gracile
    au rythme balancé qui anime sa main

    Le promeneur, alors, est le dépositaire
    au nom de ce qui fut et ce qui se fera
    du bagage mouvant que chacun de ses pas
    transporte, en célébrant la beauté éphémère

    Il avance toujours; un rêve devant lui
    l'exonère d'une ombre au profit de son chant,
    le regard où le ciel agrège l'océan,
    la musique du nombre élevant l'aujourd'hui.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

    illustration : Joëlle Gellert

  • La main chaude

    La peau de l'air collante et la mienne
    imploraient l'orage et sa virulence,
    à la nuit tombée d'un jour en peine
    d'en obtenir jamais sa délivrance

    L'obscurité plus dense à chaque heure
    transformait toute chose en son fantôme;
    les arbres contenaient la rumeur
    d'une terre apeurée sous le grand dôme

    Dans ce calme lourd et douloureux
    ma poitrine enviait le buste en plomb,
    sur la cheminée au manteau bleu
    orné d'impossibles compromissions

    La clarté fragile des bougeoirs
    orchestrait des ombres le lent ballet;
    ma silhouette dans le miroir
    n'osait tourner la tête et regarder

    par dessus l'épaule, droite et morte
    un mouvement perçu depuis la porte

    Dans ce calme lourd et douloureux
    arrimant chaque chose à son fantôme,
    je devenais sourd, fermai les yeux
    quand une main s'installa dans ma paume

    L'orage rompit à l'instant même
    je n'en perçus que la ruée du vent;
    je me faisais l'effet d'être blême
    et serrais la main de mes doigts tremblants

    Une chaleur douce et parfumée
    caressa d'un souffle ma nuque nue,
    livrant à mon oreille apaisée
    la voix de la mère aimante et venue

    par-dessus l'épaule, droite et ronde
    remettre en ordre la marche du monde.

    hand-N-hand.jpg

    pour un Défi du samedi [#93]
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Épitaphe

    Je flottais.
    Ne sachant plus d'où j'arrivais, l'habit moins chiffonné que l'intérieur, le pied bien maladroit et le regard absent, il était temps pour moi de marquer une pause après une nuit bien remplie, comme on dit pour ne pas dire ce qu'on ose, loin des pensées à l'eau de rose.
    J'allais au cimetière.
    C'est une lubie que j'ai, subite, par moments, quand j'ai besoin de faire de ma vie un roman et d'y mettre des fleurs. Des tulipes, toujours. C'est mon petit bonheur. Puis, j'erre parmi les sépultures, lisant les épitaphes. C'est ainsi que je tombai, ce jour-là, interdit, devant ce court paraphe : « C'est sympa d'être passé ».
    Merde ! Peste ! Fait chier !
    C'était là, au mot près, ce que j'avais l'idée d'inscrire pour moi-même et mon dernier séjour en éternel repos. Alors, de chiffonnée, mon humeur fut maussade. Je massacrai le gravier des allées, donnant des coups de pied comme un malade, une bonne heure durant, me sembla-t-il. et dans cet intervalle, un soleil déchirait les nuées matinales dans un ciel incertain de son sort, hésitant, ne sachant trop que faire des couleurs lui faisant, bayadère, un front horizontal, strié du bleu à l'or.
    Et voici qu'un cortège avançait dans la travée vers la tombe. Oui, vers la tombe même qui m'avait rendu tout un blême, sombre, aigri, désolé que la vie me fasse l'ironie de narguer mon esprit badin.
    J'y reconnus quelqu'un !
    Puis cette autre, et cet autre, et ces deux-là aussi, que j'avais pour amis quand j'étais en Allemagne. Ah ça ! ai-je connu celui qu'on accompagne dans son cercueil écru comme une porcelaine aux dorures champagne ?
    Et quand je vis mes filles, ma compagne d'alors... nul doute, je le compris dans l'instant : j'étais mort.

    TOMBE1.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi